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Dr Sanjay Mehta, MDCM, CCMF
Membre fondateur et ami éternel, trésorier et ancien président du conseil d’administration, AHTP Canada
Directeur, Southwest Ontario PH Clinic, London, Ontario

En tant que pneumologue, vous pouvez imaginer le nombre de courriels, textos, messages privés et appels que je reçois ! Malheureusement, plusieurs fausses idées circulent, ce qui complique les discussions et les actions à entreprendre concernant le COVID-19. La plupart des gens qui répandent ces mensonges et ces commentaires critiques le font par ignorance, mais certains le font manifestement par cynisme envers la société/le gouvernement et peut-être même par malveillance. J’aborderai donc les mythes les plus communs concernant le COVID-19.

Mythe 1 : « Ceci est une blague. La situation est exagérée par les médias, le gouvernement, le système de santé, etc. »


La vérité : C’est réel. Cela pourrait être très grave. Cela pourrait être le problème de santé publique le plus grave dont nous allons être témoins dans nos vies.
 
Il peut sembler n’y avoir que 300 cas au Canada, mais ce ne sont que les personnes qui ont été diagnostiquées. Le nombre d’infections au COVID-19 qui sont bénignes, c’est-à-dire que les personnes infectées ne ressentent aucun symptôme ou seulement de faibles symptômes s’apparentant à un rhume ou une grippe (et n’ont jamais été testées). Le nombre de cas est de 3 à 20 fois plus élevé que le nombre de personnes testées. Disons que nous multiplions de dix le nombre de cas identifiés, il est plus probable qu’il y ait déjà 3 000 cas au Canada.
 
Les meilleures estimations suggèrent que la moitié des Canadiens seront atteints du COVID-19 (entre 30 et 70 %), mais la plupart de ces infections (au moins 80 % de toutes les infections) seront bénignes, comme mentionné plus haut. Vous avez pu constater les impacts du COVID-19 en Chine, puis en Italie, et maintenant dans d’autres pays européens, comme l’Espagne et le Royaume-Uni. Si nous ne pouvons pas ralentir la propagation du COVID-19 au Canada, de nombreux Canadiens seront malades, plusieurs mourront et le pays sera dépassé par les événements.
 
Il y a 3 « victimes » potentielles de COVID-19 au Canada :

1. Les personnes atteintes
Cela s’applique particulièrement aux personnes âgées et/ou aux personnes qui ont déjà d’autres maladies graves. Ces personnes risquent fortement de mourir si elles contractent le COVID-19. Les maladies graves sous-jacentes comprennent les maladies pulmonaires importantes (MPOC, fibrose pulmonaire/cicatrisation), les maladies cardiaques (insuffisance cardiaque), les maladies du foie/des reins ou les maladies/médicaments qui affaiblissent le système immunitaire (greffe, cancer, stéroïdes, chimiothérapie, etc.).
 
Personnes atteintes d’HTP : vous avez une maladie pulmonaire différente des autres maladies énumérées ci-dessus, mais vous pouvez également souffrir d’insuffisance cardiaque. Vous êtes donc à risque. Vous ne l’êtes pas autant que les personnes âgées/autres personnes à risque, mais beaucoup plus qu’une personne en bonne santé.
 
2. Le système de santé
Nous pouvons soigner des patients malades. Par contre, s’il y a un afflux massif de personnes gravement malades qui ont besoin de traitement en unité de soins intensifs (USI) (comme être sous respirateur ou ventilateur), notre système sera alors débordé, comme c’est le cas présentement en Italie. Les conséquences d’une telle situation seront les suivantes :
  • les membres du personnel soignant travailleront sans interruption jusqu’à ce qu’ils deviennent eux-mêmes infectés ou épuisés ;
  • un manque d’équipements tels que des respirateurs pour traiter tous les patients ;
  • des décisions éthiquement impossibles pour traiter certains patients gravement malades au détriment d’autres patients, entrainant leur mort.
Si vous suivez les recommandations — auto-isolement pour ceux qui sont malades (grippe, rhume), mais pas assez malades pour avoir besoin d’une hospitalisation, quarantaine (auto-isolement) pour ceux potentiellement/réellement exposés (mais qui n’ont aucun symptôme), contacts sociaux réduits, etc. — nous pouvons ralentir le taux/nombre de personnes infectées par le COVID-19, ainsi que le nombre de patients gravement malades nécessitant des soins hospitaliers/soins intensifs, réduisant ainsi la mortalité.
 
3. La société
Nous ressentons déjà les conséquences sur la société/communauté, avec la fermeture des écoles, l’annulation d’événements sportifs et sociaux, la fermeture des frontières, la diminution des interactions sociales, les achats en réaction de panique, la perte de politesse, la fraude, etc. Si nous ne diminuons pas le nombre de cas de COVID-19 au Canada, les choses s’aggraveront, comme en Chine et en Italie où toutes les sorties en public sont interdites, les commerces sont fermés et tout le monde est obligatoirement mis en quarantaine. Confinés à la maison, les gens perdent l’accès aux services sociaux et la criminalité augmente, surtout pour trouver de la nourriture et des médicaments.
 

Mythe 2 : « Je suis jeune/en bonne santé, donc je n’ai pas à m’inquiéter. »

La vérité : Il est possible que vous ne sentiez aucun symptôme si vous êtes atteint du COVID-19, mais vous le transmettrez à d’autres personnes qui en mourront (votre famille et vos amis plus âgés et ceux qui souffrent d’une maladie grave), ce qui contribuera au développement des problèmes énoncés plus tôt.
 

Mythe 3 : « “L’isolement social” (distanciation, quarantaine, moins de contacts sociaux) n’aura aucun avantage. »

La vérité : Il s’agit de l’une des mesures les plus efficaces pour réduire la propagation d’une maladie infectieuse, comme le COVID-19. Cela a permis de diminuer la gravité/l’évolution de l’épidémie en Chine, en Corée et à Singapour. Cette mesure a été mise en place en Italie, en Espagne, etc. Suivez les recommandations de santé publique pour réduire les contacts sociaux, y compris la socialisation (en particulier dans les foules), le télétravail, si c’est possible, etc. C’est d’autant plus important si vous êtes une personne à risque (âgée ou atteinte d’une autre maladie) ou si vous êtes en contact avec une personne à risque (famille, amis).
 

Mythe 4 : « Nous ne pouvons pas prévenir et/ou traiter le COVID-19. »

La vérité : Il n’y a aucun vaccin, traitement ou moyen médical de prévenir le COVID-19. La plupart des personnes infectées auront de faibles symptômes et s’en remettront aussitôt. D’autres auront besoin d’être hospitalisées ou auront besoin de soins intensifs. Pour les patients gravement malades, le traitement consistera au soutien des fonctions vitales du corps (oxygène, respiration, pression sanguine, fonctionnement du cœur, etc.) et à la gestion des complications (autre infection, insuffisance cardiaque, pulmonaire, rénale, etc.).
 
La seule façon de prévenir le COVID-19 est de suivre les recommandations de santé publique. Si nous diminuons le nombre de cas, nous pourrons prendre soin des personnes atteintes. Il est probable que beaucoup de personnes soient touchées, mais sur une plus longue période et pas aussi rapidement qu’en Chine ou en Italie.
 

Les enfants et le COVID-19

 
1. Les enfants peuvent effectivement être atteints du COVID-19.
Il y a eu moins de cas d’enfants atteints que d’adultes, surtout en Chine et en Italie, ce qui nous a fourni beaucoup d’information sur les patients atteints du COVID-19. C’est en grande partie parce qu’il y a moins d’enfants que d’adultes, mais les enfants ne semblent pas être aussi malades lorsqu’ils sont atteints. Ils ressentent souvent de faibles symptômes et aucun enfant infecté de moins de 10 ans n’est décédé du COVID-19. Il est donc probable que beaucoup d’enfants ne ressentent aucun symptôme, tout comme les adultes. Il est aussi possible que les enfants soient moins vulnérables au COVID-19 (moins susceptibles d’attraper le virus), mais c’est encore incertain. Par contre, nous constatons que les enfants avec d’autres maladies ou avec un système immunitaire plus faible sont à risque, au même niveau que les adultes.
 
2. Les enfants peuvent porter le virus et le transmettre à des adultes.
Les enfants sont une grande source de transmission de maladies, comme le rhume ou la grippe, puisqu’ils ont souvent une grande proximité physique avec leur entourage en jouant dans la cour d’école, par exemple. Tous les parents de jeunes enfants savent qu’il leur est facile de contracter une maladie provenant d’un enfant ! C’est en grande partie pourquoi les écoles ferment et les activités sont annulées.
 
3. Les enfants doivent également participer à l’isolement social.
Puisque les enfants sont une source importante de contagion au sein d’une communauté, ils doivent également participer aux principes de santé publique (lavage des mains, auto-isolement en cas de symptômes, évitement des personnes malades, réduction des contacts sociaux). Leur contribution est très importante pour ralentir l’épidémie et « aplatir la courbe ».
 
Restez en sécurité... nous sommes tous dans cette situation ensemble !
Dr Sanjay Mehta

Dr Sanjay Mehta, Soutien

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